Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets : Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ; Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remord, Tellement vous aimez le carnage et la mort, Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !
Compte rendu du Salon de 1859 par Charles Baudelaire au sujet des oeuvres d'Eugène Boudin
" Oui, l'imagination fait le paysage. Je comprends qu'un esprit appliqué à prendre des notes ne puisse pas s'abandonner aux prodigieuses rêveries contenues dans les spectacles de la nature présente; mais pourquoi l'imagination fuit-elle l'atelier du paysagiste? Peut-être les artistes qui cultivent ce genre se défient-ils beaucoup trop de leur mémoire et adoptent-ils une méthode de copie immédiate qui s'accommode parfaitement à la paresse de leur esprit. S'ils avaient vu comme j'ai vu récemment, chez M. Boudin qui, soit dit en passant, a exposé un fort bon et fort sage tableau " le Pardon de sainte Anne Palud ", plusieurs centaines d'études au pastel improvisées en face de la mer et du ciel, ils comprendraient ce qu'ils n'ont pas l'air de comprendre, c'est-à-dire la différence qui sépare une étude d'un tableau. Mais M. Boudin, qui pourrait s'enorgueillir de son dévouement à son art, montre très modestement sa curieuse collection. Il sait bien qu'il faut que tout cela devienne tableau par le moyen de l'impression poétique rappelée à volonté; et il n'a pas la prétention de donner ses notes pour des tableaux. Plus tard, sans aucun doute, il nous étalera, dans des peintures achevées, les prodigieuses magies de l'air et de l'eau. Ces études, si rapidement et si fidèlement croquées d'après ce qu'il y a de plus inconstant, de plus insaisissable dans sa forme et dans sa couleur, d'après des vagues et des nuages, portent toujours, écrits en marge, la date, l'heure et le vent; ainsi, par exemple: 8 octobre, midi, vent de nord-ouest. Si vous avez eu quelquefois le loisir de faire connaissance avec ces beautés météorologiques, vous pouvez vérifier par mémoire l'exactitude des observations de M. Boudin. La légende cachée avec la main, vous devineriez la saison, l'heure et le vent. Je n'exagère rien. J'ai vu. A la fin tous ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, ces ténèbres chaotiques, ces immensités vertes et roses, suspendues et ajoutées les unes aux autres, ces fournaises béantes, ces firmaments de satin noir ou violet, fripé, roulé ou déchiré, ces horizons en deuil ou ruisselants de métal fondu, toutes ces profondeurs, toutes ces splendeurs, me montèrent au cerveau comme une boisson capiteuse ou comme l'éloquence de l'opium. Chose assez curieuse, il ne m'arriva pas une seule fois, devant ces magies liquides ou aériennes, de me plaindre de l'absence de l'homme. Mais je me garde bien de tirer de la plénitude de ma jouissance un conseil pour qui que ce soit, non plus que pour M. Boudin. Le conseil serait trop dangereux. Qu'il se rappelle que l'homme, comme dit Robespierre, qui avait soigneusement fait ses humanités, ne voit jamais l'homme sans plaisir; et, s'il veut gagner un peu de popularité, qu'il se garde bien de croire que le public soit arrivé à un égal enthousiasme pour la solitude. "
{ Curiosités Esthétiques Salon de 1859. VIII. Le Paysage. Curiosités esthétiques; L'art romantique : et autres oeuvres critiques / Baudelaire}
Je découvre avec bonheur Robert Walser et notamment ses "petites proses" cocasses, drôles et ironiques. Je ne connais pas encore ses Histoires d´images , recueil d´écrits sur les peintres qu´il aime. Son poème sur la Vénus de Le Titien est sans conteste charmant. Par comparaison, je me suis replongé dans Le musée retrouvé de Charles Baudelaire de Yann Le Pichon et Claude Pichois (Stock, 1992, 340 pages), ouvrage dans lequel on peut voir et revoir les tableaux que Baudelaire a si lumineusement commentés dans ses poèmes, ses divers Salons ou autres Ateliers.
Il n´est pas si curieux, à la réflexion, que Baudelaire soit passé à côté de Courbet et Manet. C´est qu´il y a, malgré l´incontestable puissance qu´il leur reconnaît, un peu trop de réalisme. Mais ayant découvert très tôt l´originalité des ciels d´Eugène Boudin, il est regrettable que Baudelaire n´ait eu le temps de découvrir les premiers "vrais" impressionnistes.
Cette remarque sur Boudin, que Baudelaire a écrite sur le paysage dans Le Salon de 1859 , en est la preuve; elle annonce avec bonheur "les merveilleux nuages" de L´Etranger : il prédit en effet à Boudin que personne mieux que lui ne saura "étaler [...] dans des peintures achevées les prodigieuses magies de l´air et de l´eau."
«J'habitais mon pavillon "ensorcelé" des trente-six marches, rue de l'Homme-de-bois... J'ai eu pour visiteurs bien des morts illustres... J'y reçus Courbet et Schaunard de La Vie de Bohême. J'y régalais Baudelaire de la vue de mes ciels au pastel. Troyon y passa bien des heures. Français aussi. Isabey, qui était mon voisin, m'y donna des encouragements, et le grand Jongkind, un fameux aussi celui-là, y vint bien des fois se griser de la vue de la baie de Seine, de nos intimes causeries et du bon cidre normand.»
- Qui aimes-tu le mieux, homme enigmatique, dis? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère? - Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère. - Tes amis? -Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu. - Ta patrie? - J'ignore sous quelle latitude elle est située. - La beauté? - Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle. - L'or? - Je le hais comme vous haïssez Dieu. - Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages!
Magies de l'air et de l'eau Magies liquides ou aériennes Ténèbres chaotiques Fournaises béantes Firmaments de satin noir ou violet Horizons en deuil...
Os maiores acontecimentos da minha vida foram alguns pensamentos, leituras, alguns pores-do-sol em Trouville à beira mar e palestras de cinco a seis horas consecutivas com um amigo que agora é casado e está perdido para mim.
Menina e moça me levaram de casa de minha mãe para muito longe. Que causa fosse então daquela minha levada, era ainda pequena, não a soube. Agora não lhe ponho outra senão que parece que já então havia de ser o que depois foi. Vivi ali canto tempo quanto foi necessário para não poder viver em outra parte. Muito contente fui em aquela terra, mas, coitada de mim, que em breve espaço se mudou tudo aquilo que em longo tempo se buscou e para longo tempo se buscava. Grande desaventura foi a que me fez ser triste ou, per aventura, a que me fez ser leda. Depois que eu vi tantas coisas trocadas por outras, e o prazer feito mágoa maior, a tanta tristeza cheguei que mais me pesava do bem que tive, que do mal que tinha. Escolhi para meu contentamento (se entre tristezas e cuidados há aí algum) vir-me viver a este monte onde o lugar e a míngua da conversação da gente fosse como já para meu cuidado cumpria, porque grande erro fora, depois de tantos nojos quantos eu com estes meus olhos vi, aventurar-me ainda a esperar do mundo o descanso que ele não deu a ninguém, estando eu assim só, tão longe de toda a gente e de mim ainda mais longe, donde não vejo senão serras que se não mudam, de um cabo, nunca, e do outro águas do mar que nunca estão quedas, onde cuidava eu já que esquecia à desaventura porque ela e depois eu, a todo poder que ambas pudemos, não deixámos em mim nada em que pudesse achar lugar nova mágoa; antes tudo, havia muito tempo, como há, que é povoado de tristezas, e com razão.
Dest'arte a vida noutra fui trocando; eu não, mas o destino fero, irado, que eu ainda assi por outra não trocara. Fez-me deixar o pátrio ninho amado, passando o longo mar, que ameaçando tantas vezes me esteve a vida cara. Agora, exprimentando a fúria rara de Marte, que cos olhos quis que logo visse e tocasse o acerbo fruto seu (e neste escudo meu a pintura verão do infesto fogo); agora, peregrino vago e errante, vendo nações, linguages e costumes, Céus vários, qualidades diferentes, só por seguir com passos diligentes a ti, Fortuna injusta, que consumes as idades, levando-lhe diante üa esperança em vista de diamante, mas quando das mãos cai se conhece que é frágil vidro aquilo que aparece.
MAÇARICO Pesco em pé, como um homem. Navego à perna alta e o peixe não falta, Sob o meu peito, as mágoas correm sem que me molhem.
"BOUDIN, Eugène [Honfleur 1824 - Deauville 1898] Proprietário de uma papelaria em Honfleur, expunha quadros de artistas que trabalhavam na região, quando, encorajado por Millet, começou a pintar do natural em 1845. Encontrou no Havre Jongkind, que o impressionou profundamente, e depois Monet, do qual foi o primeiro mestre. Partilhou a sua vida, frequentemente difícil, entre Paris e o Havre, Trouville, Honfleur e a Bretanha. Em 1874, participou na primeira exposição impressionista. Durand-Ruel, a partir de 1883, interessou-se constantemente pela sua obra. Em 1895 - tinha então 71 anos - empreendeu a mais longa viagem da sua vida, a Veneza. Pintor do ar livre, do céu e do mar, foi o primeiro a procurar fixar os aspectos da constante transformação da natureza."
UM SÉCULO DE PINTURA FRANCESA. 1850-1950, Catálogo da Exposição comissariada por Germain Bazin, Lisboa, Fundação Calouste Gulbenkian, 1965, legenda da tela nº 11: La Plage de Tourgeville. Óleo sobre tela, 50,5 X 74,5. Assinado em baixo à esquerda: E. Boudin - 93.
Parafraseando um livro de Rancière, sobre cinema, que acabei de ler um destes dias, quando digo "praia" não me sai uma praia pela boca (ele refere comboio), mas logo a imagem de uma praia se forma em minha mente. Bem diferente, no entanto, desta que Eugène Boudin nos apresenta: céu com nuvens, gente (muito) vestida, até com acessórios como um chapéu de senhora que hoje em dia apenas seria usado para abrigar da chuva, cavalo e cavaleiro, um pequena construção em madeira que me parece bem mais do que uma simples barraca de praia. Enfim, algo próprio da época do autor, bem longe da imagem que relacionamos atualmente com a mesma realidade enunciada no título do quadro.
L'homme et la mer
ResponderEliminarHomme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !
Charles Baudelaire
Compte rendu du Salon de 1859 par Charles Baudelaire au sujet des oeuvres d'Eugène Boudin
ResponderEliminar" Oui, l'imagination fait le paysage. Je comprends qu'un esprit appliqué à prendre des notes ne puisse pas s'abandonner aux prodigieuses rêveries contenues dans les spectacles de la nature présente; mais pourquoi l'imagination fuit-elle l'atelier du paysagiste? Peut-être les artistes qui cultivent ce genre se défient-ils beaucoup trop de leur mémoire et adoptent-ils une méthode de copie immédiate qui s'accommode parfaitement à la paresse de leur esprit.
S'ils avaient vu comme j'ai vu récemment, chez M. Boudin qui, soit dit en passant, a exposé un fort bon et fort sage tableau " le Pardon de sainte Anne Palud ", plusieurs centaines d'études au pastel improvisées en face de la mer et du ciel, ils comprendraient ce qu'ils n'ont pas l'air de comprendre, c'est-à-dire la différence qui sépare une étude d'un tableau. Mais M. Boudin, qui pourrait s'enorgueillir de son dévouement à son art, montre très modestement sa curieuse collection. Il sait bien qu'il faut que tout cela devienne tableau par le moyen de l'impression poétique rappelée à volonté; et il n'a pas la prétention de donner ses notes pour des tableaux. Plus tard, sans aucun doute, il nous étalera, dans des peintures achevées, les prodigieuses magies de l'air et de l'eau.
Ces études, si rapidement et si fidèlement croquées d'après ce qu'il y a de plus inconstant, de plus insaisissable dans sa forme et dans sa couleur, d'après des vagues et des nuages, portent toujours, écrits en marge, la date, l'heure et le vent; ainsi, par exemple: 8 octobre, midi, vent de nord-ouest. Si vous avez eu quelquefois le loisir de faire connaissance avec ces beautés météorologiques, vous pouvez vérifier par mémoire l'exactitude des observations de M. Boudin. La légende cachée avec la main, vous devineriez la saison, l'heure et le vent. Je n'exagère rien. J'ai vu. A la fin tous ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, ces ténèbres chaotiques, ces immensités vertes et roses, suspendues et ajoutées les unes aux autres, ces fournaises béantes, ces firmaments de satin noir ou violet, fripé, roulé ou déchiré, ces horizons en deuil ou ruisselants de métal fondu, toutes ces profondeurs, toutes ces splendeurs, me montèrent au cerveau comme une boisson capiteuse ou comme l'éloquence de l'opium.
Chose assez curieuse, il ne m'arriva pas une seule fois, devant ces magies liquides ou aériennes, de me plaindre de l'absence de l'homme. Mais je me garde bien de tirer de la plénitude de ma jouissance un conseil pour qui que ce soit, non plus que pour M. Boudin. Le conseil serait trop dangereux. Qu'il se rappelle que l'homme, comme dit Robespierre, qui avait soigneusement fait ses humanités, ne voit jamais l'homme sans plaisir; et, s'il veut gagner un peu de popularité, qu'il se garde bien de croire que le public soit arrivé à un égal enthousiasme pour la solitude. "
{ Curiosités Esthétiques Salon de 1859. VIII. Le Paysage. Curiosités esthétiques; L'art romantique : et autres oeuvres critiques / Baudelaire}
Baudelaire et les ciels d'Eugène Boudin
ResponderEliminarJe découvre avec bonheur Robert Walser et notamment ses "petites proses" cocasses, drôles et ironiques. Je ne connais pas encore ses Histoires d´images , recueil d´écrits sur les peintres qu´il aime. Son poème sur la Vénus de Le Titien est sans conteste charmant. Par comparaison, je me suis replongé dans Le musée retrouvé de Charles Baudelaire de Yann Le Pichon et Claude Pichois (Stock, 1992, 340 pages), ouvrage dans lequel on peut voir et revoir les tableaux que Baudelaire a si lumineusement commentés dans ses poèmes, ses divers Salons ou autres Ateliers.
Il n´est pas si curieux, à la réflexion, que Baudelaire soit passé à côté de Courbet et Manet. C´est qu´il y a, malgré l´incontestable puissance qu´il leur reconnaît, un peu trop de réalisme. Mais ayant découvert très tôt l´originalité des ciels d´Eugène Boudin, il est regrettable que Baudelaire n´ait eu le temps de découvrir les premiers "vrais" impressionnistes.
Cette remarque sur Boudin, que Baudelaire a écrite sur le paysage dans Le Salon de 1859 , en est la preuve; elle annonce avec bonheur "les merveilleux nuages" de L´Etranger : il prédit en effet à Boudin que personne mieux que lui ne saura "étaler [...] dans des peintures achevées les prodigieuses magies de l´air et de l´eau."
Eugène Boudin : Etude de ciel
«J'habitais mon pavillon "ensorcelé" des trente-six marches, rue de l'Homme-de-bois... J'ai eu pour visiteurs bien des morts illustres... J'y reçus Courbet et Schaunard de La Vie de Bohême. J'y régalais Baudelaire de la vue de mes ciels au pastel. Troyon y passa bien des heures. Français aussi. Isabey, qui était mon voisin, m'y donna des encouragements, et le grand Jongkind, un fameux aussi celui-là, y vint bien des fois se griser de la vue de la baie de Seine, de nos intimes causeries et du bon cidre normand.»
ResponderEliminarEugène Boudin
L'étranger
ResponderEliminar- Qui aimes-tu le mieux, homme enigmatique, dis? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
- Tes amis?
-Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages!
Baudelaire: Petits poèmes en prose, I (1869)
Baudelaire aime les nuages...
ResponderEliminarMagies de l'air et de l'eau
Magies liquides ou aériennes
Ténèbres chaotiques
Fournaises béantes
Firmaments de satin noir ou violet
Horizons en deuil...
Os maiores acontecimentos da minha vida foram alguns pensamentos, leituras, alguns pores-do-sol em Trouville à beira mar e palestras de cinco a seis horas consecutivas com um amigo que agora é casado e está perdido para mim.
ResponderEliminarErnest Renan
Eugène Boudin nasceu na cidade de Honfleur, na Normandia. Uma cidade lindíssima, que merece ser visitada.
ResponderEliminar"Viajar é dizer: 'Devemos partir muito cedo amanhã de manhã.'"
ResponderEliminarMaria Gabriela Llansol (2010) Um Arco Singular - Livro de Horas II. Lisboa: Assírio & Alvim Editores
Menina e moça me levaram de casa de minha mãe para muito longe. Que causa fosse então daquela minha levada, era ainda pequena, não a soube. Agora não lhe ponho outra senão que parece que já então havia de ser o que depois foi. Vivi ali canto tempo quanto foi necessário para não poder viver em outra parte. Muito contente fui em aquela terra, mas, coitada de mim, que em breve espaço se mudou tudo aquilo que em longo tempo se buscou e para longo tempo se buscava. Grande desaventura foi a que me fez ser triste ou, per aventura, a que me fez ser leda. Depois que eu vi tantas coisas trocadas por outras, e o prazer feito mágoa maior, a tanta tristeza cheguei que mais me pesava do bem que tive, que do mal que tinha.
ResponderEliminarEscolhi para meu contentamento (se entre tristezas e cuidados há aí algum) vir-me viver a este monte onde o lugar e a míngua da conversação da gente fosse como já para meu cuidado cumpria, porque grande erro fora, depois de tantos nojos quantos eu com estes meus olhos vi, aventurar-me ainda a esperar do mundo o descanso que ele não deu a ninguém, estando eu assim só, tão longe de toda a gente e de mim ainda mais longe, donde não vejo senão serras que se não mudam, de um cabo, nunca, e do outro águas do mar que nunca estão quedas, onde cuidava eu já que esquecia à desaventura porque ela e depois eu, a todo poder que ambas pudemos, não deixámos em mim nada em que pudesse achar lugar nova mágoa; antes tudo, havia muito tempo, como há, que é povoado de tristezas, e com razão.
Bernardim Ribeiro, Menina e Moça, 1554
Vinde cá, meu tão certo secretário
ResponderEliminarDest'arte a vida noutra fui trocando;
eu não, mas o destino fero, irado,
que eu ainda assi por outra não trocara.
Fez-me deixar o pátrio ninho amado,
passando o longo mar, que ameaçando
tantas vezes me esteve a vida cara.
Agora, exprimentando a fúria rara
de Marte, que cos olhos quis que logo
visse e tocasse o acerbo fruto seu
(e neste escudo meu
a pintura verão do infesto fogo);
agora, peregrino vago e errante,
vendo nações, linguages e costumes,
Céus vários, qualidades diferentes,
só por seguir com passos diligentes
a ti, Fortuna injusta, que consumes
as idades, levando-lhe diante
üa esperança em vista de diamante,
mas quando das mãos cai se conhece
que é frágil vidro aquilo que aparece.
Luíz Vaz de Camões
MAÇARICO
ResponderEliminarPesco em pé, como um homem.
Navego à perna alta
e o peixe não falta,
Sob o meu peito,
as mágoas correm
sem que me molhem.
"BOUDIN, Eugène [Honfleur 1824 - Deauville 1898]
Proprietário de uma papelaria em Honfleur, expunha quadros de artistas que trabalhavam na região, quando, encorajado por Millet, começou a pintar do natural em 1845. Encontrou no Havre Jongkind, que o impressionou profundamente, e depois Monet, do qual foi o primeiro mestre. Partilhou a sua vida, frequentemente difícil, entre Paris e o Havre, Trouville, Honfleur e a Bretanha. Em 1874, participou na primeira exposição impressionista. Durand-Ruel, a partir de 1883, interessou-se constantemente pela sua obra. Em 1895 - tinha então 71 anos - empreendeu a mais longa viagem da sua vida, a Veneza.
Pintor do ar livre, do céu e do mar, foi o primeiro a procurar fixar os aspectos da constante transformação da natureza."
UM SÉCULO DE PINTURA FRANCESA. 1850-1950, Catálogo da Exposição comissariada por Germain Bazin, Lisboa, Fundação Calouste Gulbenkian, 1965, legenda da tela nº 11: La Plage de Tourgeville. Óleo sobre tela, 50,5 X 74,5. Assinado em baixo à esquerda: E. Boudin - 93.
Parafraseando um livro de Rancière, sobre cinema, que acabei de ler um destes dias, quando digo "praia" não me sai uma praia pela boca (ele refere comboio), mas logo a imagem de uma praia se forma em minha mente.
ResponderEliminarBem diferente, no entanto, desta que Eugène Boudin nos apresenta: céu com nuvens, gente (muito) vestida, até com acessórios como um chapéu de senhora que hoje em dia apenas seria usado para abrigar da chuva, cavalo e cavaleiro, um pequena construção em madeira que me parece bem mais do que uma simples barraca de praia. Enfim, algo próprio da época do autor, bem longe da imagem que relacionamos atualmente com a mesma realidade enunciada no título do quadro.