A Lisbonne, la pause-café est un rituel, la pâtisserie quasi sacrée. Si l’on veut découvrir l’âme de la ville, il faut passer par le sucré ! De l’intelligentsia aux plus humbles, tout le monde se croise au comptoir pour grignoter des gâteaux. Souviens-toi du goût des « pastéis de nata », ces petits flans crémeux à la pâte feuilletée caramélisée. Une tuerie. Tu m’avais traîné à Bélem, à côté du monastère des Hiéronymites où les religieuses avaient inventé cette douceur afin d’obtenir des ressources pour faire subsister leur ordre. La petite boutique créée en 1837 était toujours là. Mais nous avions préféré la pâtisserie Versailles où le fondateur, Salvador José Antunes, n’a pas hésité à mélanger l’Art Nouveau et le Grand Siècle. Une sorte de pâtisserie dans la pâtisserie. Nous y avions passé des heures à observer le ballet des vieilles dames gourmandes. Repus, nous parcourions les ruelles du Bairro Alto et les boutiques de la Baixa, observant le fleuve depuis des placettes ombragées, escaladant les sept collines à coup de tram, écoutant le fado s’écouler des fenêtres, cédant au charme de cette ville un peu provinciale. Au soir, le retour au LX, cet élégant boutique hôtel intime qui cultive l’esprit de la ville, prolongeait l’immersion. Notre chambre à l’étage «Pessoa», avec son trompe-l’œil de bibliothèque à la tête du lit et ses murs bleu azulejo, berçait nos nuits de rêves sucrés.
COM A CHUVA QUE AÍ VAI
ResponderEliminarFernando Pessoa está sentado à chuva na esplanada da Brasileira. Dentro do café está o Almada. Ou esteve. Durante largo tempo habituei-me a vê-lo numa parede em auto-retrato dos anos vinte, na companhia de duas senhoras sofisticadas que pareciam estar à espera de qualquer coisa que havia de vir. Qualquer coisa, o quê? O segundo futurismo? O próximo comboio para Paris? Até hoje, silêncio absoluto. O Almada deixou de ser visto com elas na Brasileira e com a chuva que aí vai não é natural que volte por cá tão cedo.
José Cardoso Pires, LISBOA, LIVRO DE BORDO, Lisboa, Dom Quixote, 1998, p. 61.